Valentino Rossi prend sa retraite

 

 

Fabio Quartarao, du haut de ses 22 ans, est incontestablement le plus talentueux des pilotes Moto GP.  Il vient encore de le prouver en remportant son cinquième Grand Prix de l’année sur le circuit de Silverstone. Un certain Valentino Rossi, encore adversaire à ses côtés aujourd’hui, avait déjà deux titres de champion du Monde en poche lorsque Fabio ouvrait un œil sur le monde…

Valentino Rossi, le plus grand  pilote moto de tous les temps, vient de déclarer qu’il arrêterait sa carrière en fin d’année. Cela résonne comme une bombe dans le Moto GP alors que paradoxalement tout le monde s’y attendait. En effet, le manque de résultats du « Doctor » ces derniers temps, et en particulier lors de cette ultime saison, devenait un non-sens au vu de la carrière incroyable de ce monument de la moto !

 

Un début sur quatre roues prometteur…

 

Fils du pilote, Graziano Rossi, victorieux de plusieurs Grand Prix à la fin des années 70, Valentino va grandir littéralement dans les paddocks motos. Mais c’est pourtant sur quatre roues qu’il va commencer, en karting. Là, les résultats tombent immédiatement : champion régional dès 1990, 5ème au championnat d’Italie, il attaque même le championnat européen l’année suivante. Pour l’anecdote, bien plus tard, alors qu’il est au sommet de sa gloire moto avec déjà une dizaine de titres de champion du Monde à son actif, Valentino Rossi aura des contacts très sérieux avec, excusez du peu, la Scuderia Ferrari pour basculer sur une carrière en Formule 1. Mais la transition s’avère trop longue et périlleuse même s’il montre, là encore, un potentiel et une adaptation incroyable.

 

Un an pour apprendre…

 

Mais son milieu, à commencer par son père, est bien celui du deux roues. Qui plus est, il s’avère bien plus accessible financièrement parlant. Le jeune Rossi fait donc ses premières armes en championnat national italien et démontre de suite son aisance. À à peine 15 ans, il devient champion d’Italie et même 3ème du championnat européen l’année suivante. Ses résultats le propulsent en championnat du Monde 125. La marche est haute pour ce jeune pilote de 17 ans ; pourtant il ne lui faut qu’une demi-saison pour décrocher au guidon de son Aprilia son premier Grand Prix et sa première pole position le même week-end. Abyssal ! Il terminera l’année à la neuvième place.

Et pourtant, c’est l’année suivante, en 1997, que le déclic se fait. Toujours en catégorie 125 il gagne dès la première course de la saison, et fera un festival de résultats tout le reste du temps en remportant 11 des 15 Grand Prix disputés. Des résultats qui le propulsent directement en catégorie supérieure, les  250cm3 (Actuel Moto2) l’année suivante. Le minot apprend toujours aussi vite avec sa nouvelle monture, une Aprilia Usine officiel  RS250.

 

Un an pour gagner

 

Le début de saison 99 lui sert d’apprentissage mais la deuxième partie s’avère époustouflante : il gagne les quatre derniers GP pour finir vice-champion du Monde de la catégorie. L’année suivante, il décroche  le titre de champion du Monde 250cm3 en écrasant la concurrence. Les ténors de la catégorie qui n’en reviennent toujours pas… Le voilà promu en catégorie reine l’année suivante. Une transition des plus difficiles à appréhender ; les 500cm3 sont des monstres de puissance, 300ch pour moins de 160 kg ! Beaucoup plus brutales, elles  nécessitent en plus un pilotage spécifique. D’ailleurs beaucoup de pilotes, même de très bons, n’arrivent pas à s’adapter.  Ce ne sera pas le cas pour le détenteur du numéro 46 qui commencent à connaître une notoriété qui dépasse déjà le milieu du motocyclisme. Il faut dire que Val’ est un show man incroyable. A chaque fin de course qu’il remporte (soit presque à chaque fois !), son public lui prépare un costume des plus folkloriques qu’il endosse pour faire ses tours d’honneur, truffés d’acrobaties spectaculaires, wheeling et « burn out » en tout genre.

 

L’année 2000 : à lui la catégorie reine !

 

Pour sa première année en catégorie reine, il décroche un guidon chez Honda qui est incontestablement alors l’écurie à la moto la plus performante. Une sorte de Graal.  À nouveau, pour sa première année, le « Doctor » stupéfait tout le monde en se battant très rapidement aux avants postes. Époustouflant, quand on sait le niveau et la notoriété des autres pilotes de la catégorie tels qu’Alex Crivillé, Max Biaggi, Kenny Roberts junior ou encore Casey Stoner… Il remporte étonnamment deux GP dans la saison, mais surtout, fait preuve d’une réelle maturité en marquant de gros points à chaque course qui le propulse vice-champion du monde dès la première année ! Du jamais vu en catégorie reine… La saison suivante, comme l’adage qu’il s’est lui-même  fabriqué, « un an pour apprendre un an pour gagner » il remporte le titre  en gagnant 11 des 16 GP de la saison. Stupéfiant…

 

Intouchable !

 

En 2002, le GP 500 passe en Moto GP. Ce simple changement de nom cache en fait une grosse modification pour les motos de course. De moteurs 500cm3 deux temps, les motos passent à une cylindrée de 1000cm3 en version 4 temps. Cela ne perturbe pas le moins du monde le tempérament de notre jeune champion : il remporte les deux années de championnat suivantes (2002, 2003), toujours sur la Honda avec la même déconcertante supériorité. Il se permet même le luxe l’année suivante de changer de marque en rejoignant l’écurie Yamaha. Certains y voient là la fin de la légende Rossi. Honda ose même laisser penser que la supériorité de leur pilote était due à la supériorité de leur moto… Il laisse dire et empoche, dès l’année suivante, le titre avec une moto à la marque au diapason, à la surprise générale. Mais l’hégémonie ne s’arrête pas là : il remporte 2005, 2008 et 2009 toujours sur Yamaha !

Ce sont incontestablement les plus belles années du « Doctor ». Il est in-tou-cha-ble. Grâce à lui, le sport moto devient extrêmement populaire au point de faire de l’ombre à l’emblématique Formule1….

 

L’aventure Ducati…

 

Tous les Tifosis ont rêvé de voir Valentino vaincre sur une moto italienne… Pour certains, ce sera le pari de trop. Le « Doctor » va connaître de grosses difficultés avec la Ducati. Il déclarera même que cette moto n’était pas faite  pour lui. Une manière élégante de quitter la grande maison italienne qui, depuis, court toujours après un nouveau titre pilote. Seulement voilà, ces deux ans vont mettre un coup de frein à sa carrière. Les motos ont évolué, le type de pilotage avec, et la concurrence au niveau des pilotes et des mécaniques est à son comble avec l’arrivée d’un nouveau prodige, espagnol ce coup-ci, un certain Marc Marquès…

Valentino Rossi retourne alors chez Yamaha en 2013 (4ème) et enchaîne des places émérites de vice-champion du Monde sur les saisons de 2014 à 2016. Rappelons alors que Valentino a 37 ans et qu’il se bat contre des Lorenzo et Marquès qui n’étaient pas nés quand il gagnait déjà des Grand-Prix. La performance devient alors, une fois encore, inouïe ! L’année suivante se montre plus en dents de scie mais il y remporte encore un Grand Prix. Il finit 3ème en 2018 du championnat, juste avant ses quarante ans ! Même si les résultats ne sont plus au beau fixe, il dispose toujours de sponsors mirobolants et de l’envie de courir : « Je ne sais faire que ça, j’adore toujours autant ça et on me paye pour ça ! », confirme le pilote émérite avec la gouaille qui le caractérise et qui ne l’a jamais quitté.

Il a créé depuis longtemps une école de pilotage de laquelle sortent moult pilotes qui font déjà parler d’eux (dont son jeune demi-frère…) et une écurie avec deux Ducati semi-officielles.  Il reste aujourd’hui le pilote moto le mieux payé de tous les temps…

 

Ce n’est qu’un au revoir…

 

L’homme aux 425 GP, aux 9 titres mondiaux, aux 115 victoires, aux 235 podiums, aux 65 pôles positions et aux 96 meilleurs tours en course sur un total incroyable de 26 saisons n’a pas l’intention d’arrêter la course pour autant. On risque d’entendre parler de lui encore longtemps puisqu’il compte maintenant entamer sérieusement une carrière sur quatre roues, en commençant par les 24 heures du Mans dès l’année prochaine… A très bientôt Valentino…