Histoire d’un logo : Jaguar

 

L’histoire de Jaguar, c’est d’abord l’histoire d’une famille britannique ; l’histoire de tout un monde automobile où l’élégance, la prouesse technique et l’agilité font front. Une légende féline est née.

 

 

Tout commence lorsque la famille Walmsley s’installe en Angleterre, dans la région de Blackpool, en face de la maison de la famille Lyons. Deux familles, deux maisons, deux fils pour une passion commune au départ : la moto. Les deux William vont participer ensemble à des courses de renom dans le nord-ouest de l’Angleterre. L’un des deux William, William Lyons, pour jouer les séducteurs et emmener ses amies en balade, à l’idée un jour de confectionner un side-car aux lignes très féminines, fuselées. Le succès est immédiat. Sous le feu des commandes, les deux William s’associent en 1922 et lancent leur production sous le nom de Swallow Sidecar Company.

 

Une activité de carrosserie croissante

 

Cinq années d’un design qui séduit le plus grand nombre et l’entreprise grossit de mois en mois. Si William Walmsley voit là une routine très agréable, William Lyons voit plus loin, plus grand, plus haut, toujours plus. En 1927, il crée une division carrosserie automobile. Sa marque de fabrique ? Des « robes » spéciales et élégantes pour les vieilles Austin Seven. Comme sa première entreprise, le succès arrive très rapidement et un an plus tard, après la création de moult autres actions éparses, la production de carrosserie devient l’activité principale de l’entreprise qui prend ses quartiers à Coventry. En 1931, William Lyons présente au salon de Londres, sa toute première auto « home made », la SS1. C’est elle l’ancêtre de la Jaguar ! Elle a déjà son élégance, son regard et son ADN. Même le tarif est réfléchi, ajusté à son public.

En 1935, la première Jaguar du nom sort, le célèbre roadster SS 100 qui va faire définitivement graver dans le marbre le nom de la firme.

 

De nouveaux roadsters après la guerre

 

Mais la guerre éclate, les temps changent, tout est bousculé. Au lendemain des combats, William Lyons ose un pari fou. Même si son pays est dévasté, à reconstruire, il décide de lancer un énième engin : le roadster XK 120. Six cylindres modernes et puissants font de cette automobile une carrosserie sur roues qui dépasse les 200 km/h en 1948… William Lyons mise tout sur les États-Unis et le succès est là. Un incroyable défi dans une époque où l’on parle plutôt de mini-voitures économiques ! L’exportation des roadsters et de la célèbre Type E vont s’ajouter aux succès de ces compétitions. William Lyons devient riche, très riche. Quinze années de gloire incontestée avant que les premières lois anti-pollution n’arrivent et qu’il faille ajouter des accessoires de sécurité aux Jaguar…

 

Nationalisation et privatisation

 

Le tournant s’annonce réellement en 1966 lorsque William Lyons souhaite prendre sa retraite. Il a 65 ans, il décide alors de passer un accord avec le Groupe BMC (Austin, Morris…) et crée le Groupe BMH. En 1968, tout s’enchaîne lorsque le gouvernement travailliste s’en mêle en décidant de fusionner deux groupes BMH et Leyland pour n’en former qu’un seul : la British Leyland Motor Corporation. William Lyon est évincé, les grèves se succèdent, Jaguar et son image de superbe marque s’écroulent peu à peu. Sa notoriété en prend un coup. L’entreprise pense même à fermer en 1979, elle va finalement s’en sortir in extremis. En 1985, le gouvernement Thatcher privatise Jaguar. C’est John Egan, le nouveau président qui prend les choses en main pour rétablir la grandeur de la marque. Trois années suffiront à redorer le blason de l’entreprise de luxe et supprimer ses modèles vieillissants. Place aux nouveautés et au modernisme ! Les grands groupes s’arrachent la marque, les appels d’offres pleuvent. Ford remporte finalement le gros lot en 1989 avec un financement solide qui va permettre à Jaguar de gagner des galons tout en préservant sa propre identité. Une légende qui perdure depuis.